Résumés

Le paradoxe du choix

Le paradoxe du choix
Le paradoxe du choix

Le paradoxe du choix…

Le dogme officiel de toutes les sociétés occidentales dit ceci :

Pour maximiser le bien-être des citoyens il faut maximiser leur liberté individuelle, parce que la liberté est intrinsèquement bonne, de valeur, et essentielle à l’être humain.

Car si les gens ont la liberté, alors chacun peut agir indépendamment, faire des choses qui maximiseront notre bien-être, et personne ne décide à notre place.

Maximiser la liberté, c’est maximiser le choix.

Plus les gens ont de choix, plus ils sont libres, et plus ils sont libres, plus ils ont de bien-être.

Ceci est tellement intégré dans la pensée que personne ne penserait à le remettre en cause.

C’est profondément intégré à nos vies.

Je vais donner quelques exemples de ce que le progrès a rendu possible.

Voici mon supermarché.

Pas très grand.

Un mot a propos des vinaigrettes : 7 sortes de vinaigrette dans mon supermarché, sans compter les 10 sortes d’huile d’olive extra vierge et les 12 sortes de vinaigre balsamique pour faire un grand nombre de vinaigrettes maison, au cas ou vous n’aimeriez aucune des vinaigrettes du magasin.

C’est à ça que ressemble un supermarché.

Pour d’autres aspects de la vie, plus significatifs, il y a la même explosion de choix.

Quelque chose aussi important que l’identité est maintenant une affaire de choix.

Nous n’héritons pas d’une identité, nous devons l’inventer.

Et nous pouvons nous ré-inventer à loisir.

Chaque matin au lever, vous devez décider quelle personne vous voulez être.

Partout, les grandes et les petites choses, les choses matérielles et les modes de vie, la vie est une question de choix.

Le monde d’avant ressemblait à ça.

Il y avait des choix mais tout n’était pas matière à choisir.

Le monde d’aujourd’hui est comme ceci.

Est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle ? La réponse est « oui ». (humour)

Nous savons tous ce que ça a de bon, je vais vous parler de ce qui n’est pas bon.

Un effet, paradoxalement, c’est la paralysie, plutôt que la libération.

Avec autant de choix, les gens trouvent difficile de choisir.

La paralysie est une conséquence de trop de choix.

Si on arrive à surmonter la paralysie et à choisir, nous sommes finalement plus insatisfaits que si nous avions moins de choix.

Pour plusieurs raisons.

Avec un tel choix de vinaigrettes, si vous en achetez une et qu’elle n’est pas parfaite (laquelle l’est ?) vous imaginez que vous auriez du en choisir une autre qui aurait été meilleure.

Ces alternatives imaginées vous font regretter votre décision, et le regret se soustrait à votre satisfaction, même si vous aviez pris la bonne décision.

Plus il y a de choix, plus il est facile de regretter les aspects décevants de votre choix.La valeur que nous donnons aux choses dépend de ce à quoi on les compare.

Si il y a de nombreuses alternatives, il est facile d’imaginer les bons côtés des possibilités que vous avez rejetées et vous rendre moins satisfaits des alternatives que vous avez choisies.

Cela m’a frappé quand j’ai voulu changer de jean.

J’en porte presque tout le temps.

Il fut un temps ou il n’y avait qu’une sorte, vous les achetiez, ils ne vous allaient pas bien, ils étaient très inconfortables, et si vous les laviez assez souvent, ils commençaient à être OK.

J’ai voulu changer mes jeans après plusieurs années.

J’ai dit : « Je veux une paire de jeans, voici ma taille. »

Le vendeur m’a dit :

« Vous voulez slim fit, easy fit, relaxed fit ? Bouton ou fermeture ? Lavé à la pierre ou à l’acide ? Vous les voulez détendus ? Boot cut, fuselé ? »

Bla bla bla Et caetera.

J’étais bouche bée. J’ai dit :

« Je veux le modèle qui avant était le modèle unique. »

Le vendeur ne savait pas de quoi je parlais.

J’ai passé une heure à essayer tous ces jeans, et j’ai quitté le magasin, il est vrai, avec les meilleurs jeans que j’ai jamais eus.

Ces choix m’ont permis de faire mieux.

Mais je me sentais moins bien.

La raison c’est que avec toutes ces options à ma disposition, mes attentes à propos des jeans avaient augmenté.

J’avais de faibles attentes quand il n’y avait qu’un modèle.

Avec 100 modèle, mon Dieu, l’un d’eux se devait d’être parfait.

J’ai eu quelque chose de bien, mais pas de parfait.

Comparé à mes attentes, ce que j’avais était décevant.

Ajouter des options à la vie des gens augmente leurs attentes sur la qualité de chaque option.

Ce qui produit moins de satisfaction avec les résultats, même quand ils sont bons.

De nos jours, nous les citoyens industrialisés, nous attendons la perfection — au mieux le truc est aussi bien que vous l’espériez.

Vous ne serez jamais agréablement surpris, car vos attentes crèvent le plafond.

Le secret du bonheur c’est d’avoir de faibles attentes.

Finalement, une conséquence d’acheter des jeans qui vous vont mal quand il n’y a pas d’autre choix c’est que quand vous êtes insatisfaits, vous vous demandez :

« Pourquoi ? A qui la faute ? »

La réponse est claire : le monde est responsable.

Que faire ? Quand il y a des centaines de jeans différents, et vous en achetez un qui vous déçoit…

Vous vous demandez :

« Qui est responsable ? »

C’est clair que le réponse est « vous ».

Vous auriez pu faire mieux.

Avec des centaines de jeans en exposition, il n’y a pas d’excuse pour se tromper.

Aussi quand les gens prennent des décisions, et même si leurs choix sont bons, ils se sentent déçus, et ils s’en veulent.

Les cas de dépression ont explosé dans le monde industriel en une génération.

Je crois qu’une cause importante de cette explosion de dépressions, et aussi de suicides, c’est que les gens ont des expériences décevantes car leurs standards sont trop élevés.

Et quand ils doivent s’expliquer ces déconvenues, ils pensent que c’est de leur faute.

Objectivement, nous faisons en général mieux, et nous nous sentons moins bien.

Laissez moi vous rappeler.

C’est le dogme officiel, celui que nous croyons vrai, et qui est complètement faux.

Bien sûr avoir du choix c’est mieux que de ne pas en avoir, mais cela ne veut pas dire que beaucoup de choix est mieux que un peu.

Je suis convaincu que nous avons dépassé cette limite du nombre d’options qui augmentent notre bien être.

Ce qui rend possible tous ces choix possibles c’est l’opulence.

Il y a des nombreux endroits dans le monde, où le problème n’est pas d’avoir trop de choix.

Leur problème c’est d’en avoir trop peu.

Ce dont je parle est spécifique aux sociétés occidentales modernes, opulentes.

Je vous dis que ces choix compliqués et onéreux — non seulement ne servent à rien, ils font du mal.

Ils nous rendent plus malheureux.

Si nous pouvions envoyer tous ces choix dans des sociétés ou les gens n’en ont pas assez, ils vivraient mieux, et nous aussi.

La redistribution des richesses rendrait tout le monde plus heureux parce que l’excès de choix est notre fléau. Vous savez que rien n’est possible dans un bocal à poissons.

La vérité c’est que si vous faites exploser le bocal pour tout rendre possible, vous n’obtenez pas la liberté, mais la paralysie.

Si vous faites exploser le bocal, vous diminuez la satisfaction, et vous augmentez la paralysie.

Tout le monde a besoin d’un bocal à poisson.

Celui-ci est sûrement trop petit — même pour un poisson, et sûrement pour nous.

Mais l’absence d’un bocal métaphorique conduit à la misère, et, je le suspecte, au désastre.


Conférence « Le paradoxe du choix » présenté par Barry Schwartz : https://www.ted.com/talks/barry_schwartz_the_paradox_of_choice

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