Partages

L’odeur de l’essence

Orelsan : l'odeur de l'essence
Orelsan : l’odeur de l’essence

L’odeur de l’essence…

Regarde, la nostalgie leur faire miroiter la grandeur d’une France passée qu’ils ont fantasmée.
Regarde, l’incompréhension saisir ceux qui voient leur foi dénigrée sans qu’ils aient rien demandé.
Regarde, la peur les persuader que des étrangers vont venir dans leurs salons pour les remplacer.
Regarde, le désespoir leur faire prendre des risques pour survivre là où on les a tous entassés.

Écoute, la paranoïa leur faire croire qu’on peut plus sortir dans la rue sans être en danger.
Écoute, la panique les pousser à crier que la terre meurt et que personne en a rien à branler.
Écoute, la méfiance les exciter, dire qu’on ne peut plus rien manger, qu’on n’a même plus le droit de penser.
Écoute, la haine les faire basculer dans les extrêmes.

Allumer l’incendie, tout enflammer. L’odeur de l’essence.

Les jeux sont faits, tous nos leaders ont échoué.
Ils seront détruits par la bête qu’ils ont créée.

La confiance est morte en même temps que le respect.
Qu’est ce qui nous gouverne ?
La peur et l’anxiété.

On s’auto-détruit, on cherche un ennemi.
Certains disent « c’est foutu ».
D’autres sont dans le déni.

Les milliardaires lèguent à leurs enfants débiles.
L’histoire appartient à ceux qui l’ont écrite.
Plus personne écoute, tout le monde s’exprime.
Personne change d’avis, que des débats stériles.

Tout le monde s’excite parce que tout le monde s’excite.
Que des opinions tranchées, rien n’est jamais précis.

Plus le temps de réfléchir, tyrannie des chiffres.
Gamins de douze ans dont les médias citent les tweets.

L’intelligence fait moins vendre que la polémique.
Battle royale, c’est chacun pour sa petite équipe.

Regarde, connard facho, connasse hystérique.
Regarde, tout est réac’, tout est systémique.
Regarde, dès qu’un connard fait quelque chose de mal quelque part, le monde entier devient susceptible.
Regarde, les coupables sont d’anciennes victimes.

Le cercle du mal jamais fini.
Tout dégénère, tout est cyclique.
Pas de solutions, que des critiques.

Tout le monde est sensible.
Tout le monde est sur la défensive.
Sujet sensible, personne sensible.
Sensible, sensible.
Sensible, tout est sensible.

Tout le monde baise tout le monde, je veux faire le petit train.
Une discussion sur deux, c’est quelqu’un qui se plaint.
Pendant que le reste du monde souffre pour qu’on vive bien.

Les parents picolent, c’est les enfants qui trinquent.
Accidents d’bagnole, violences conjugales.
L’alcool est toujours à la racine du mal.
Rien remplit plus l’hôpital et le tribunal.
On n’assume pas d’être alcoolique, c’est relou d’en dire du mal.

On prend des mongols, leur donne des armes.
Appelle ça « justice », on s’étonne des drames.

Pris dans un vortex infernal.
On soigne le mal par le mal, et les médias s’en régalent.

Que des faits divers, poule, renard, vipère.
Soit tu es pour ou soit tu es contre, tout est binaire.

Les gratteurs de buzz flirtent avec les extrêmes.
Depuis que les mongols sont devenus des experts.

Entourés de mongols, l’Empire mongol.
On fait les mongols pour plaire aux mongols.
On va tomber comme les Mongols.
Comme les Égyptiens, comme les Romains, comme les Mayas, comme les Grecs.

Faut qu’on reboot, faut qu’on reset. (déf: redémarre / réinitialise)
On croit plus rien, tout est deepfake. (déf: mensonge profond)

Face à l’inconnu, dans le rejet.
Mélange de peur, haine et tristesse, nos contradictions, nos dilemmes.
Corrompu, je suis né dans le système.
Personne avance dans le même sens, tout est inerte.

On voit qu’une seule forme de richesse.
Prendre l’argent des gens, c’est voler, sauf quand c’est du business.

Génération Z parce que c’est la dernière.
Ça se voit clairement qu’on n’a pas connu la guerre.

Tous les vieux votent, ils vont choisir notre avenir.
Mamie vote Marine… Elle a trois ans à vivre.

Youtubeurs fascistes, pseudo subversifs.
Voilà ce qu’on a quand on censure les artistes.

Rien n’avance jamais, nombreux se radicalisent.
En manque de repères, je perds dans la nostalgie d’une époque.
Où d’autres étaient déjà nostalgiques d’une époque.

Putain, les moutons veulent juste un leader charismatique.
Aucune empathie, tout est hiérarchique.

L’école t’apprend seulement l’individualisme.
On t’apprend comment faire de l’argent, pas des amis.

Si le Président remporte la moitié des voix.
C’est que les deux tiers de la France en voulaient pas.
Pas besoin de savoir c’est quoi le Sénat.
Pour voir que les vieux riches font les lois.

Personne aime les riches, jusqu’à ce qu’ils le deviennent.
Ensuite ils planquent leur argent ou flippent de le perdre.

Tellement de tafs de merde, fais semblant de le faire.
Combien de jobs servent juste à satisfaire nos chefs ?

Nourris aux jugements, nourris aux clichés.
Alors qu’on sait même pas se nourrir, on se bousille.

On ne sait pas gérer nos émotions donc on les cache.
On ne sait pas gérer nos relations donc on les gâche.
On n’assume pas ce qu’on est, donc on est lâches.
On ne se pardonne jamais dans un monde où rien ne s’efface.
On se crache les uns sur les autres, on ne sait pas vivre ensemble.
On se bat pour être à l’avant dans un avion qui va droit vers le …

Crash.


Lien vers le clip « L’odeur de l’essence » d’Orelsan (2021) :
https://www.youtube.com/watch?v=zFknl7OAV0c&ab_channel=orelsan


Commentaires fermés sur L’odeur de l’essence