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L’école du conformisme

L'école du conformisme

L’école du conformisme

« Je me suis dit qu’on allait apprendre aux mômes, dès le plus jeune âge, à être à côté de leur vie.

On va les conditionner à être uniquement dans les pensées, dans le mental, quoi.

On va les enfermer dans leur mental, ne s’adresser qu’au mental, ne stimuler que leur mental, et les empêcher d’utiliser autre chose que le mental.

On va leur enseigner des milliards de choses au niveau mental, et on va rien leur apprendre aux autres niveaux.

C’est quoi, les autres niveaux ?

Eh bien, Sandro dit que c’est apprendre à être bien dans sa peau, à l’écoute de son corps, apprendre à se connaître, à s’aimer, à avoir confiance en soi, à gérer ses émotions, apprendre à communiquer avec les autres, à les comprendre, savoir écouter, convaincre, se faire respecter, gérer les relations, résoudre ses conflits, comprendre ses peurs et aller au-delà, apprendre à apprécier la vie, à être serein… Bref, tout ce qui te permet de t’épanouir, quoi.

Ah ouais ?

Et non seulement on va pas leur enseigner ça, mais en plus on va les empêcher de pouvoir l’apprendre en dehors de l’école.

Il faut pas qu’ils puissent se rééquilibrer le soir.

Ça, ça va pas être facile.

Si. On va contrôler leur temps libre.

Contrôler leur temps libre ?

Oui, on va leur donner tellement de trucs à faire tout seuls après l’école – toujours sur le plan mental, bien sûr – qu’ils n’auront plus le temps d’expérimenter des choses par eux-mêmes, de se frotter à la vie, de rêver, de rencontrer du monde.

Comment instaurer le conformisme ?

D’ailleurs, à ce propos, on va bien sûr leur interdire de parler en classe, tout comme on va leur interdire de bouger.

Ils seront obligés de rester assis, immobiles, sans communiquer. Ils resteront là, à recevoir des informations mentales à longueur de journée.

Interdit d’échanger, d’éclater de rire, de pleurer. On va leur bourrer le crâne de trucs à apprendre par cœur sans se poser de questions.

On va aussi les garder pour le repas de midi et les obliger à manger à toute allure.

Manger à toute allure ? Ben, pourquoi ?

Il ne faut pas leur laisser le temps de savourer chaque bouchée, ressentir un bien-être, puis l’arrivée de la satiété. Il faut les couper de leur corps, que manger devienne une activité qu’ils pratiquent à toute vitesse sans rien ressentir.

On va sabrer complètement leur confiance en soi : en classe, on va s’arranger pour jamais les valoriser, mais au contraire pointer du doigt la moindre erreur, la moindre petite faute… A longueur de journée.

La maîtresse acceptera jamais.

C’est presque fait.

Non ?!

Si.

Comment t’as fait ?

Je lui ai fait croire que, si elle les complimentait, ils s’endormiraient sur leurs lauriers. Alors que, en réalité, c’est le contraire, bien sûr.

Et elle a gobé ?

Pas tout de suite. Elle a protesté en disant qu’elle connaissait les enfants mieux que moi. Je lui ai répondu : « Peut-être, mais c’est moi qui fais le programme. »

Chacun son rôle.

Et elle a cédé ?

Disons qu’il a d’abord fallu que j’en appelle à Descartes.

Qu’est-ce que tu lui as dit ?

Je pense donc tu suis. »

– Un extrait du livre « Le philosophe qui n’était pas sage » de Laurent Gounelle

Conclusion

Ce dialogue expose de manière saisissante une vision dystopique de l’éducation.

Il met en lumière comment un système obsessionnel centré sur le mental, le conformisme et la suppression des expériences humaines essentielles peut étouffer la croissance personnelle.

L’impact néfaste sur la confiance en soi, la communication et l’épanouissement reflète une critique pertinente sur les excès de la société moderne.

Un avertissement sur l’importance de préserver l’équilibre entre l’apprentissage intellectuel et l’épanouissement émotionnel pour former des individus complets et résilients au lieu de favoriser le conformisme.

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