Écrits

De quoi avons-nous peur ?

De quoi avons-nous peur ?
De quoi avons-nous peur ?

Commençons par parler de la transmission de la peur.

Cette contagion émotionnelle bien présente…

La peur est la meilleure émotion sur laquelle l’on peut s’appuyer pour amener un groupe à aller dans le même sens.

D’ailleurs, il semblerait que notre gouvernement l’ait bien compris et qu’il sait en jouer.

De nombreux films de science-fiction mettent en scène la peur comme levier de contrôle d’une population.

Je pense notamment à la saga « Hunger Games » qui confronte la peur et l’espoir d’une population afin d’en garder le contrôle.

Se pourrait-il que, dans certains cas, la réalité dépasse la science-fiction ?

C’est une autre question.

À présent, parlons d’imagination.

Bon nombre de nos peurs sont issues de notre propre imagination.

Elles sont tout autant issues des croyances collectives que nous faisons passer comme une réalité objective, la vérité absolue.

Il semblerait qu’imaginer le pire soit plus simple et accessible que l’inverse.

Tout comme endosser le rôle de victime, plutôt que de tenter de se responsabiliser.

Nous nous préparons au pire de sorte à ne pas être déçu, pour avoir raison et pouvoir dire « je l’avais dit ».

Pour construire une pseudo-confiance fébrile envers ce que l’on prédit et ce que nous pensons être.

Se positionner comme spectateur et attendre que le pire arrive.

Se venter que nous y étions préparés plutôt que d’être moteur et faire en sorte que ça n’arrive pas.

Nous récoltons les graines que nous semons, et lorsque nous nous attendons au pire : une graine est plantée.

Venons-en à la peur de décevoir.

Ces masques que nous créons et portons pour plaire afin d’être accepté en tant que personne que nous ne sommes pas.

Dès lors, est-il possible de supposer que nous avons peur d’être qui nous sommes réellement ?

Nous avons peur d’être jugé et de ne pas plaire.

Alors nous entretenons notre capacité de caméléon social qui adapte ses couleurs à son environnement.

En effet, nous doutons de ce dont nous sommes capables.

Trouver la reconnaissance des autres en suscitant leur pitié et leur réconfort semble alors une bonne solution :

« mais non, tu n’es pas nul, mais oui tu vas y arriver, je crois en toi, … »

Tous les moyens sont bons pour obtenir de l’attention.

Nos peurs peuvent dans certains cas attirer la reconnaissance dont nous avons tant besoin.

Le contrôle et la peur de ne pas l’avoir (le contrôle).

Essayer de contrôler ce qui ne dépend pas de nous.

Le contrôle est sans doute l’une des caractéristiques les plus démonstratives de l’arsenal humain.

Tout ce que nous ne contrôlons pas, nous en avons peur.

Cette peur prend alors la forme de mépris, dénigrement, violence, décisions drastiques ou surcontrôle de ce que nous croyons pouvoir contrôler.

Puis un beau jour, ça pète et tombant de l’arbre, nous nous accrochons aux dernières branches qui se présentent à nous.

Et de nouveau sur une branche, nous cherchons naturellement à la contrôler.

Oui, nous avons peur de souffrir.

Nous n’hésitions pas à faire souffrir autrui afin d’obtenir de la compassion et de se sentir moins seul.

Tous les moyens sont bons…

Blaise Pascal dit :

« Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer au repos dans une chambre. »

Ce fameux vide existentiel que nous tâchons à n’importe quel prix d’éviter.

Confronter à nous-même, lorsque le soir nous retirons nos masques sociaux, alors seul avec nous-même, nous avons peur, car nous ne contrôlons rien et ne savons pas.

À cet instant, quid de la peur de la mort, vanité des vanités, tout homme doit mourir.

Nous repensons au fait que nous ne sommes pas éternels, nous avons peur de ce que nous faisons de notre vie.

« Memento, homo, quia pulvis es, et in pulverem reverteris. »

Vous en perdez votre latin ?

En français, sans doute que cette phrase vous parlera plus :

« Souviens-toi, homme, que tu es poussière et que tu redeviendras poussière. »

Aussi, nous pouvons nous interroger sur la distinction pouvant être faite entre les mots peur, doute, crainte, anxiété, terreur, et même stress ?

La peur est une émotion.

L’étymologie du mot émotion nous apprend que le mot est construit sur le latin « emovere », à partir de « ex » et « movere », soit « hors de » et « mouvoir / susciter ».

La peur nous met donc en mouvement ou en non-mouvement.

Elle nous fige afin de nous laisser le temps de réfléchir avant de passer à l’action, et nous permet aussi de fuir rapidement lors de l’interprétation d’un danger.

Au niveau corporel, tout est configuré pour que le sang se propage dans les jambes afin que l’on puisse courir, et le sentiment de tête froide que nous ressentons (manque de sang dans la tête) nous fige nous laissant ainsi le temps de réfléchir.

Le doute est une forme de pensée qui nous amène à réfléchir.

Il peut nous amener à des conclusions aussi bien négatives que positives.

Craintes, terreur, stress, anxiété…

La crainte, elle, nous invite à se méfier et à avoir peur d’une situation donnée. La crainte suscite le doute et nous plonge dans l’émotion de la peur.

L’anxiété est un état psychologique qui nous plonge dans une crainte dont la cause est difficile à préciser.

La terreur est le sentiment d’une peur incontrôlable et extrême.

Le stress est un mot fourre-tout qu’il est bien d’approfondir lorsque qu’une personne dit l’éprouver.

En effet, derrière le stress, il peut y avoir de la peur, un manque de confiance en soi, le fait de ne pas avoir le contrôle sur quelque chose, etc.

Il est donc bien de raccorder au stress les émotions suscitées par celui-ci.

Dire « je stresse » n’est pas suffisant pour mettre des mots sur ce que l’on éprouve réellement.

Je finirai en précisant que la peur n’est pas à supprimer.

Dans bon nombre des cas, elle est nécessaire et efficace à la prise de décision.

Un humain sans peur perd, selon moi, une part de son humanité.

La peur peut nous être utile.

Gardons les rênes sur nos propres peurs et essayons de ne pas faire nôtres celles qui nous sont imposées pour nous contrôler.

Bien interprétée, la peur peut nous pousser à agir à bon escient.

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